Nous avons quitté Madagascar pour le Mali. Après un transit de quelques mois à Ouagadougou pour les vacances scolaires, nous sommes maintenant pleinement installés à Bamako. Bamako que je découvre lentement mais très sûrement.
Ce matin en déposant les enfants à l’école j’écoutais le titre « Yala » de l’excellentissime Oumou Sangaré et j’ai éclaté de rire parce que ce titre c’est l’histoire de ma vie, « Yala » ou « balade » en bambara. Yala pouvait être mon second prénom tellement ma mère me reprochait mes nombreuses balades dans la ville de Ouagadougou… Je comprends maintenant que ce n’étais qu’un entraînement pour mes voyages et mes déménagements.
Je vous passe les détails de mes déménagements et aménagements entre Antananarivo, Ouagadougou et Bamako… Croyez moi vous auriez des courbatures rien qu’en me lisant. Ceci explique aussi la baisse de la fréquence de mes articles. L’essentiel est que je découvre Bamako et j’espère, beaucoup d’autres villes du reste du pays bientôt.
Ah Bamako et ses embouteillages… Je cherche toujours à m’orienter dans cette grande ville mais je connais parfaitement la route pour me rendre à l’école des enfants. C’est l’essentiel… Chaque jours je conduis et jongle entre les cars rapides, les motos, les voitures, les piétons, les voitures, les camions, de magnifiques boeufs dodus et surtout les charrettes tirées par les ânes pour déposer à l’école trois enfants qui, selon les jours, s’amusent, parlent énormément, chantent ou se chamaillent.
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J’ai compris depuis longtemps que rester zen en circulation sauve les neurones, surtout quand on conduit des enfants. Je suis assez impatiente en général mais en circulation je relativise tout… Mes compatriotes burkinabè, si vous pensez que conduire à Ouagadougou est un parcours du combattant, je vous invite à faire un stage à Bamako, après vous ferez un « coucou » à tous ceux qui vous dépasseront par la droite à Ouagadougou. J’avais peur au début de conduire à Antananarivo, où il n’y a quasiment pas de feux tricolores mais finalement ce n’était rien comparé à la circulation de Bamako.
Mada, merci pour ces moments !
Ce qui est génial c’est de vivre dans une ville où je comprends la langue principale, le bambara. Le bambara est du dioula soutenu et je découvre encore plus, tous le jours avec joie les subtilités de cette langue et les proverbes tantôt sages, tantôt salaces ou humoristiques qui rythment mes journées et mes rencontres. C’est tellement plus sécurisant de comprendre ce qu’on me dit, c’est le premier pays où je vis hors de chez où j’ai ce ressenti.
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Vivre au Mali c’est aussi revenir à mes origines. Nous sommes TOURÉ, originaires de la belle, mythique et mystérieuse ville de Djenné. Ville qui nourrit tant d’imaginaires et de fantasmes au Mali et ailleurs. Je connais Djenné car mon très cher père a tenu a amené chacun de ses enfants et quelques neveux et nièces dans notre village natale et nous reconnecter à notre si belle histoire.
Je connais donc Djenné et sa fabuleuse mosquée classée dans le patrimoine mondiale de l’UNESCO tout comme nos cours familiales qui se trouvent dans le centre historique de la ville. Je connais les villes que je traverse pour m’y rendre en venant de Ouaga, Bandiagara, Mopti, Sevaré et très récemment Sikasso mais je n’avais pas encore eu la chance de connaître Bamako. Je suis Songhraï et fière de l’être, ma mère est Samo du Burkina, c’est une histoire et une génétique inspirante pour moi. Nous allions fierté et grâce Songhraï, courage et bravoure Samo. C’est la plus belle manière de nous décrire que j’ai trouvé…
Retour donc aux sources pour moi où dans les rue de Bamako je hume au gré du vent soit les odeurs des caniveaux découverts soit les merveilleuses senteurs de woussouna (enscens) que j’utilise à volonté chez moi comme le font ma mère et ma famille. Bamako qui s’étale sur les 2 rives du fleuve Niger. Bamako où je vois toutes les nuances, les teintes et les variétés du bazin.
Avec la crise et l’insécurité au nord du pays, de nombreuses personnes de ces zones sont venues vivre à Bamako, de ce fait, la capitale vit et brouillonne entre pauvreté, mondanités, inégalités sociales et bling bling. Bamako chante, vibre et on sent que l’économie vit. Ici plus qu’à Ouagadougou on sent que « l’argent circule » comme on dit. Comment ça circule, ça c’est un autre débat… On sent la solidarité légendaire des maliens autour d’un thé ou d’un bon plat fumant qu’ils n’hésitent pas à partager avec le visiteur quelque soit leurs conditions de vie. Je découvre Bamako, ses dimanches de mariages, ses artistes et ses arts, j’espère d’autres régions du Maliba et je vous reviens avec d’autres aventures…
PS: Pourquoi Bamako est aussi nommée la ville des 3 caïmans ??
Kan bè
Tim, une nouvelle bamakoise
Publié le 04/12/2017