Rouge est ma douleur, vivre ou subir?

J’avais 10 ans… 10 ans, c’est l’âge auquel mon petit corps d’enfant a décidé, tout seul, de devenir celui d’une femme. 10 ans quand pour la première fois j’ai été confrontée à cette douleur. Quelle douleur!

Depuis mes 10 ans, je vis 14 jours par mois (au moins) avec des malaises et cette douleur. Cette douleur due aux menstrues, aux règles,  aux « anglais qui débarquent »,… bref quelque soit le nom que vous leur donnez, c’est la cause de ma douleur depuis que j’ai 10 ans. Ce n’est plus pour moi un tabou puisque chaque mois, cette douleur se lit sur mon visage et m’empêche d’être à 100% moi. Mes menstrues ne connaissent pas le « soutra ». 

J’ai bu toutes les décoctions possibles; je me suis lavée avec toutes les plantes que ma mère trouvait pour soulager ma douleur; j’ai fait des bains de vapeur; j’ai mangé des combinaisons d’aliments improbables; j’ai évité certains aliments; j’ai fait des injections qui duraient 20 minutes… 20 minutes parce que ce liquide huileux ne pouvait m’être injecté rapidement, il fallait le faire lentement et une fois par mois pendant 2 mois. J’ai dû m’asseoir pendant 20 minutes au moins une fois par mois avec une aiguille dans la fesse en espérant soulager ma douleur pour que le troisième mois de traitement, j’ai plus mal que tous les mois précédant cette injection.

Douleur au bas ventre, au dos, à la hanche, paralysie d’une jambe, seins enflés, douleurs ou brûlures à l’abdomen, acné, ballonnements, nausées, bouffées de chaleur, engourdissements des membres, céphalées, fatigue générale, prise de poids,… Chaque mois, mon corps choisit une combinaison de plusieurs de ces malaises et douleurs pour tester ma résistance. Chaque mois mon corps joue à cette loterie insoutenable. Malaises 7 à 10 jours avant les menstrues et 7 jours de douleur pendant.  Avez vous déjà eu mal au point de ne même pas pouvoir pleurer!? C’est possible, croyez moi. J’ai terminé certaines formations en boitant sous l’effet  de cette douleur.  Je vis avec cette douleur la moitié de chaque mois. 

Ma douleur a atteint son paroxysme le mois dernier, en Mai 2019, le vendredi 03 Mai plus exactement quand je me suis surprise à hurler de douleur dans ma voiture alors que je me rendais à une formation, sapée et confiante car j’avais en plus une rencontre importante après. Je tenais à ces rencontres mais mon corps non. Je ralentissais ma voiture juste pour crier avant de reprendre la route. Mon seul objectif était d’atteindre une clinique vivante.

J’ai atteint la clinique et résultat: intraveineuse de calmant, anti-inflammatoire, échographie (encore) et puis valium parce que rien ne calmait cette douleur. Avant de sortir de chez moi j’avais déjà pris un calmant puissant qui contient entre autre de la poudre d’opium, c’est vous dire… Bilan des examens, je vais bien, en tout cas leurs appareils disent que je vais bien et que mes examens sont normaux. Je ne prends les calmants que quand c’est nécessaire pour éviter les addictions parce que je sais, que les personnes entières comme moi, doivent impérativement éviter les addictions. 

Je suis passée par différentes phases depuis mes 10 ans. Les principales sont:

– les traitements divers, variés et improbables en médecine moderne et traditionnelle;

– les examens de santé et des bilans réguliers;

– prise de poids 

– puis l’acceptation de la douleur.

Accepter la douleur ce n’est pas ne pas avoir mal, c’est accepter d’avoir mal et s’y résigner. Un jour, j’ai dit à ma mère que c’est peut être la manière qu’a trouvé Dieu pour me permettre d’expier sur terre mes péchés afin de de les alleger. Je ne peux pas souffrir pour rien…. Elle s’est dit que la douleur me faisait délirer. Mais il faut atteindre un certain stade de la douleur pour donner une raison à sa douleur.

Penser ainsi m’a aidé pendant 8 ans à accepter ma douleur et à ne prendre aucun traitement. Certains médicaments me créaient plus de malaises et de douleurs que mes maux de bas ventre et j’avais peur des conséquences de tous ces calmants sur ma santé. D’ailleurs au bout de quelques mois d’utilisation je développais une résistance à ces médicaments et à la douleur. J’ai arrêté mes traitements le jour où, sous l’effet de la douleur, j’ai pris une double dose de calmant, frôlant ainsi une overdose.

8 ans après, j’ai compris enfin que rien ne justifiait de subir une telle douleur. RIEN! J’ai écouté une émission radiophonique sur l’endométriose sur RFI qui m’a bousculé. Après différents examens je n’ai pas de signe visible d’endométriose mais j’ai toujours autant mal. Je cherche et je trouverai la cause et la source de cette douleur qui m’handicape la moitié de chaque mois, de chaque année de ma vie. Mes seuls moments de répit étant mes grossesses, si on peut appeler ça répit…

Chaque mois, j’ai pour moi, environ 17 jours de pleine forme, quand aucune autre maladie ne m’affecte. Ce sont ces 17 jours où je suis au top qui me permettent de mener efficacement toutes mes activités. Alors imaginez moi avec 100% de mes capacités chaque mois cool.

Vous êtes une femme ou un homme, vous avez des sœurs, des filles, des tantes, des mères, ne soyez pas sourds à leur douleur. Entendez leur douleur, écoutez les, réconforter les car même si vous ne pouvez pas mettre fin à leur douleur vous pouvez les soulager en entendant leur douleur et en leur apportant de l’attention. Surtout allez consulter et dites à vos proches qui en souffrent de le faire. Les allusions misogynes et désobligeantes ou les blagues pour désigner une femme ou une personne irritée, du type « elle doit avoir ses règles » ne m’amusent pas. Chaque mois nos corps subissent des bouleversements extraordinaires qui pour certaines s’accompagnent de douleur, de prise de poids subite, désolée de ne pas être à ce moment là, au top de notre humour ou plutôt au niveau de ce degré d’humour douteux. 

« Les douleurs menstruelles touchent de 50 % à 80 % des femmes fécondes, selon le groupe d’âge. De ce nombre, de 5 % à 15 % des femmes sont suffisamment incommodées pour devoir modifier leurs activités quotidiennes (repos forcé, absentéisme scolaire ou professionnel). » (1) En Afrique, 1 fille sur 10 rate l’école lorsqu’elle a ses règles, selon des chiffres de l’Unesco en 2014. Ces chiffres doivent nous interpeller tous. Rassurez vous que dans votre entourage vos filles,  mères, épouses, sœurs, nièces, cousines, amies, domestiques, proches, … peuvent s’offrir ou confectionner dignement des serviettes hygiéniques. Ne pensez pas que ça narrive qu’aux autres ou au plus démunis. Des millions de filles dans le monde ratent chaque mois l’école à cause de leurs menstrues qu’elles aient ou pas des douleurs pendant cette période. 

Il est important de savoir que NON, NON et NON il n’est pas normal d’avoir mal quand on a ses règles. Ce n’est pas normal, contrairement à ce que nos cultures nous ont fait croire. Croire qu’une femme doit souffrir pour être heureuse et que notre souffrance est normale, NON! « Ça va passer après ton accouchement » me disait on, j’ai 3 enfants, dont des jumeaux et j’ai plus mal qu’avant mes grossesses. Pour certaines c’est passé, pour d’autres non, dont moi. Maintenant on me dit « tu verras que tu vivras une menaupose sans malaises« , l’espoir fait vivre… Cherchez et trouvez la cause de cette douleur, ne vous résignez pas. Ne nous résignons plus! Je cherche toujours à mettre un nom sur ma douleur, à y mettre fin et ce jour arrivera. Ce mois, outre mes traitements modernes habituels,  je teste une cure de poudre et de graines de moringa, dans tous les cas ça me fera du bien. Si ce n’est  pas l’endométriose c’est autre chose … Je ne me résignerai plus. 

« L’endométriose est une maladie gynécologique méconnue, bien qu’elle touche 180 millions de femmes dans le monde (une femme sur 7 en âge de procréer et 20 à 50 % des femmes infertiles). Elle apparaît au cours de la période de fécondité de la femme, soit entre 16 et 50 ans. » (2) Elle est cause d’infertilité et ces femmes subissent une double peine. J’ai eu 3 enfants, malgré mes douleurs et tous les troubles que cela a occasionné mais je pense à toutes celles qui sont en quête de maternité. Toutes celles qui subissent des traitements et des expériences physiques et psychologiques douloureuses juste pour pouvoir un jour donner la vie. Vous êtes des superwomens smile

Je sais par cette expérience mensuelle et cyclique que chaque chose à une fin. Je sais que la vie est un cycle et qu’il nous appartient d’en faire ce que nous voulons. VIVRE ou SUBIR? SE BATTRE ou SE RÉSIGNER? J’ai décidé de VIVRE et de profiter de mes 17 jours de pleine forme et de chaque moment. Et vous que décidez vous? 

Tim

Liens de référence:

(1)https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dysmenorrhee_pm

(2)  https://www.google.com/amp/s/www.sciencesetavenir.fr/sante/systeme-sanguin/1-femme-sur-7-est-concernee-par-l-endometriose_19441.amp

6 réflexions sur “Rouge est ma douleur, vivre ou subir?”

  1. Ma soeur, j’apprécie ton courage! Connaissant ta vigeur, ta persévérance, j’imagine ce que tu as enduré et endures toujours. Malgré tout, tu donnes envie de vivre, tu es une source intarissable de motivation, de lutte pour beaucoup!
    Que dire, sinon unir ma prière à la tienne, que cesse ce mal en toi, au nom Puissant de Jésus Christ!

    Merci pour ta joie de vivre que tu nous communique, merci pour ton courage!

  2. Wahoo Wahoo j’en suis toute émoustillée tant c’est profond et vrai . Toujours à négliger ou à comparer les douleurs. Dieu seul sait combien c’est une torture quand ça arrive. Merci pour ce partage

  3. Ping : Adénomyose est son nom – Tim Worlds

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