Décodage

Décodage

Ouagadougou, veille de mon déménagement à Bamako, je suis sur le point de boucler mes courses pour le voyage, je me gare devant un GAB (guichet automatique), je sors de la voiture, je salue l’agent de sécurité et j’entre dans le GAB. Sans stress j’ouvre mon sac, je sors ma carte, je suis sereine, fatiguée par les rangements mais je suis plutôt zen, j’introduis la carte dans le guichet, l’écran s’affiche, je lis “ENTRER CODE PIN” et là c’est l’AMNESIE… J’ai oublié mon mot de passe, je réfléchis mais rien ne me vient.

Je regarde le guichet, le guichet me regarde. Je tape un code sans conviction, évidemment ce n’est pas le bon, j’essaye de rassembler mes idées, j’entre un second code “CODE INVALIDE”. Me viennent maintenant des brides de chiffres, j’ai le code… mais dans le désordre. Je retire la carte pour réfléchir, je sors de mon sac mon cahier de notes de l’année, je lis chaque page, je sais très très bien que je n’y aurait jamais noté mon code mais je me dis “sait-on jamais, dans un moment d’égarement j’ai peut être pu le noter même en codant le code”, je suis à la page de couverture et rien, évidemment !

Je sors du GAB, je retourne dans la voiture pour y chercher l’autre téléphone plus ancien et je fouille dans mes notes numériques à la recherche de ce fichu code, rien! Je reviens dans le GAB, je l’ai découvert après mais à ce moment j’avais 3 bons chiffres sur les 4 et dans le désordre toujours. J’essaye une des combinaisons, la seconde , la troisième, toujours rien. Je retire la carte pour qu’elle ne soit pas avalée ou bloquée, ce serait la totale. J’ai des courses à finir, du personnel à payer… Je sais que mon argent est dans cette machine, j’ai ma carte mais impossible d’avoir un billet.

Je me résous à partir en lorgnant le guichet. L’agent de sécurité qui m’a vu aller et venir, parler seule, introduire de nombreux codes et qui a sûrement entendu plusieurs bips a dû se dire “voilà encore une qui a dérobé la carte de son conjoint et qui cherche maintenant le code”, du moins c’est ce que je me suis dite en le voyant m’observer. Je me trompe sûrement mais que voulez vous, j’étais à cet instant là très susceptible.

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By championofmyheart.com

Il est 16h30, l’agence bancaire est fermée. Je réduis mes courses et me rends chez mes frères où je raconte l’histoire à une de mes nièces qui en rit aux larmes. Que voulez vous, moi même j’en ris surtout en sachant que j’ai les chiffres mais dans le désordre. Cette nuit là, me sont revenus tous mes cours de probabilité. J’ai noté les chiffres, j’ai tenté des combinaisons et j’ai dormi. Connaissant mon niveau en mathématique générale au lycée, c’était vraiment mieux pour moi de dormir …

Le voyage est pour le début de l’après midi. Ma co-belle soeur vient me dire au-revoir et c’est elle qui me conduit à la banque. Aller dans une agence bancaire, quelques heures avant de voyager, c’est vraiment tout ce que je n’aime pas d’autant plus que tu sais toujours quand tu y entres mais tu ne sais jamais quand tu pourras en ressortir. Je vois la très sympathique agent de banque qui me fait remplir les fiches pour réinitialiser mon mot de passe ou changer de carte, je ne sais plus… Je les remplis, j’étais agacée mais pas vaincue puisque je décide malgré tout de sortir de l’agence pour tenter (une dernière fois) une des combinaisons qui me venait à l’esprit depuis le reveil. J’entre dans le GAB, j’introduis ma carte, j’entre le code et BINGO!!!

C’est mon argent mais j’ai l’impression que j’ai gagné un prix! Je sautille , je chante et là je me dis “Fatim il y a des caméras et donc des gens qui regardent les videos et le vigile peut croire que tu dijonctes et que tu peux représenter un danger pour les autres”. Je sors du GAB et je retourne informer l’agent de banque que tout à coup, le code m’est revenu aussi soudainement que je l’avais oublié. Elle en rit évidemment, c’était trop drôle.

Le cerveau humain est incroyable, c’est fou comme dans ces moments il est capable de puiser dans nos souvenirs des informations enfouies ou refoulées. J’en ai déduit, comme je le savais déjà que mon cerveau travaille mieux sous pression. C’était agaçant mais c’était stimulant et j’ai tellement ri de moi même… en même temps je ne pouvais rien faire d’autre que de réfléchir et de rire. Je n’avais heureusement pas d’urgence vitale, fort heureusement !

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By leparisien.fr

Le rire est une thérapie. Riez de tout, de rien, de la vie et surtout riez de vous même, ça n’arrange pas toujours les choses mais ça détend et ça, ça n’a pas de prix.

Et vous, quand avez vous ri de vous même pour la dernière fois?

Excellent week-end en rires et en joies!

Tim

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